La naissance du théâtre dans la Grèce antique
Les premières manifestions théâtrales remontent aux VIe et Ve siècles avant Jésus-Christ dans le berceau de la civilisation occidentale : la Grèce.
Dans la Poétique, écrite par le philosophe grec du IIIe siècle Aristote, le théâtre provenait du dithyrambe considéré comme des cérémonies en l’honneur de Dionysos, dieu du vin et de la fête. Ces dernières alliaient chant et danse et présentaient un enjeu à la fois religieux, social et éducatif.
Lors de ces représentations, avait lieu un concours de tragédie où chaque auteur devait présenter une tétralogie c’est-à-dire trois tragédies et un drame satyrique. La tragédie est définie comme un drame où les personnages sont essentiellement des grandes figures de la cité comme les princes, les rois ou encore les héros issus des épopées. Ces représentations étaient interprétées par des acteurs et un chœur qui commentait en chantant l’action qui se déroulait sur scène. L’autre genre prédominant n’est autre que la comédie qui avait pour fonction de mettre en scène les conflits familiaux. Les deux genres théâtraux ont un enjeu moral : les citoyens pouvaient tirer un enseignement de la pièce représentée. Le principe de mimêsis était aussi inhérent au théâtre. Aristote définit cela comme une imitation du réel et des passions terrestres dont l’homme doit se purger. Cette purgation (encore appelée par le philosophe « catharsis ») passe alors par la perception de ces dernières sur scène.
Enfin, dans son ouvrage, il fixe les règles de ces représentations théâtrales avec la règle des trois unités : un seul espace unique où se déroule une action unique sur une journée. D’autres règles codifient le théâtre antique comme la bienséance qui est le respect des codes dans le but de ne pas susciter l’indignation du public et le principe de vraisemblance énoncé plus haut. Ces règles sont reprises par Nicolas Boileau dans son ouvrage Art poétique en 1674 pour définir le théâtre classique : « qu’en un lieu, en un jour, un seul fait accompli tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli ».
Une lente évolution du théâtre au Moyen-Âge
Au Moyen-Âge, l’Église chrétienne essaye de combattre la pratique théâtrale qui n’a pas encore de lieu prédéfini mais les représentations sont encore présentes lors des fêtes religieuses et profanes. En dépit du caractère controversé de cette pratique, nous constatons une mince évolution dans ce domaine. En effet, la période médiévale propose deux sous catégories : le théâtre religieux et le théâtre profane.
Le théâtre est un art témoin de son époque, il peut servir de miroir pour les sociétés à tradition orale qui l’utilisent. Il peut être aussi le vecteur primaire des idéaux politiques et des mœurs de l’époque. Son enjeu didactique permet aux spectateurs de questionner le monde qui les entoure, de (re)apprendre par l’art.
Le premier genre théâtral est en lien direct avec la Bible et a pour principale vocation d’instruire le peuple français à une époque où le taux d’analphabétisation est important. De nombreux récits bibliques sont représentés près des lieux centraux de la ville qui sont le parvis des églises ou bien les places de marché, puis peu à peu les représentations gagent les rues. À cette période, les spectacles donnés sont appelés « les mystères de la Passion », « les miracles » et « les pièces saintes ».
Le second genre n’est autre que le théâtre profane. Celui-ci a pour vocation de faire rire, de divertir le public. Au Moyen-Âge, nous retrouvons les mentions de « jeux », de « farces » pour faire référence à ce type de théâtre. La farce est composée de scènes comiques et utilise volontiers le registre familier empreint de grossièretés. Elles sont aussi jouées sur le parvis des églises et dans la rue.
À la Renaissance
Le théâtre à la Renaissance s’affranchit des codes du théâtre médiéval et renoue avec l’Antiquité. Cette période marque le début d’un contrôle des souverains, déjà conscients de l’hostilité populaire envers la Couronne et l’Église. L’encadrement passe par l’interdiction des « mystères » en 1548 : la tragédie est préférée à la comédie lorsqu’il s’agit de divertir la Couronne. Les nouveautés de cette époque sont les traductions des œuvres antiques et l’inspiration italienne. Bien que mineures, les comédies n’échappent pas à ces renouvellements, le grec Aristophane ou le latin Plaute sont représentés en France.
Le XVIIème siècle offre au théâtre ses lettres de noblesse. La tragédie, le genre « noble », continue de s’inspirer de l’Antiquité pour ses modes de représentation avec la mise en place des règles des trois unités, de la vraisemblance et de la bienséance. Une tragédie est composée de 5 actes et se clôt sur un drame. Andromaque de Jean Racine est l’archétype de la tragédie du XVIIème siècle. La comédie cherche toujours à divertir les spectateurs mais les personnages sont issus du peuple et la pièce propose un dénouement heureux comme c’est le cas dans L’Avare de Molière.
Les changements notoires s’opèrent au XVIIIème siècle où le théâtre devient un phénomène sociétal : les nobles parisiens investissent les théâtres de Paris alors qu’en province les théâtres dits « de foire et de boulevard » se multiplient. En parallèle, le statut de comédien se dessine plus nettement, leurs conditions de vie se pérennisent. Les modifications opérées par Voltaire pour les tragédies classiques n’entérinent pas leur déclin. Quant aux comédies, celles-ci trouvent des échos différenciés selon le dramaturge : Marivaux s’intéresse aux relations amoureuses, à la liberté et à l’égalité, Beaumarchais propose une satire de la société à travers le personnage de Figaro. Pendant la Révolution française, le théâtre devient un lieu des affrontements politiques et idéologiques où la censure règne.
Le théâtre d’aujourd’hui
Le XIXème siècle offre au théâtre un fleurissement de sous-genres. La tragédie est représentée par le drame romantique et le mélodrame. Le premier donne une importance particulière au contexte historique et dépeint un héros en proie à ses passions pour susciter la pitié du public. Le mélodrame insiste sur l’ambiguïté entre le bien et le mal. La résurgence de la comédie se trouve dans le vaudeville, une pièce comique composée de jeux de mots et de quiproquos. Dans la seconde moitié du XIXème siècle, le naturalisme en vogue dans la sphère littéraire transforme les enjeux du théâtre. Les desseins des dramaturges vont se tourner vers la critique de la société et pour cela ils vont la dépeindre de manière réaliste. Par exemple, le drame bourgeois essaye de représenter les réalités sociétales de son époque.
Au XXème siècle, les surréalistes et les dadaïstes renversent les codes d’écriture dramaturgiques en proposant de nouvelles formes visuelles au théâtre. De concert, un renouvellement avec l’Antiquité est à l’œuvre, les dramaturges proposent des réécritures des mythes fondées sur des anachronismes comme Jean Cocteau ou Jean Anouilh. Pour l’aspect représentatif, trois sous-genres apparaissent : le théâtre satirique, le théâtre engagé et le théâtre de l’absurde. Le théâtre satirique insiste sur la psychologie des personnages. Le théâtre engagé apparaît après la Seconde Guerre mondiale et souligne la politique de l’époque et les réflexions philosophiques. Enfin, le théâtre de l’absurde mêle l’humour et la tragédie, il se détache des autres genres par son absence de cohérence et de structure.
Finalement, plusieurs révolutions artistiques gravitent autour du théâtre comme celle du statut du comédien et du metteur en scène ou celle de l’expression et du langage. Cet art scénique se fait le témoin de son temps et un relai pour ses contemporains. Le Cercle Bellecombe Lyon propose des créneaux de théâtre pour les enfants de 6 à 10 ans dans le but de travailler la confiance en soi mais aussi la mémoire et tout cela dans le respect d’autrui.
Lélya AZZI